Eduquer pour quoi faire? La mort expliquée aux enfants (2e partie)

Par Erold JOSEPH, MD, pneumologue

« Si tu veux avoir une idée du sommet de la montagne, adresse-toi en priorité, non pas à un théoricien, mais à celui qui y a été au moins une fois ou qui s’en est approché. »

Mais, à quoi cela sert-il de savoir ce qui se passe quand on meurt?

ÉDUQUER: POUR QUOI FAIRE (suite)

La mort expliquée aux enfants

NB: références bibliographiques à la fin de la série

Comment les gens qui ont vécu une « Expérience de Mort Imminente » décrivent-ils la mort ?

Le premier fait relaté par ceux qui ont vécu une EMI, c’est qu’ils sortent de leur corps. Ils observent ce dernier que parfois ils ne reconnaissent pas, du moins pas tout de suite. Ceci est dû au fait que la société (la science y comprise), nous a appris dès l’enfance, à nous identifier à notre corps physique. Ces mourants « voient », observent d’en haut, du plafond, leur « enveloppe physique » inanimée, entourée de leurs proches et/ou du personnel de santé. Il s’agit du phénomène de « décorporation » appelé encore « Sortie Hors du Corps » (SHC) et connue depuis l’Antiquité. En anglais, on parle de « Out of Body Experience” (OBE). La décorporation représente donc l’événement premier et basique du processus de la mort. Elle s’accompagne de la disparition de toutes les douleurs préalables puisque ces dernières sont liées au corps physique, désormais abandonné. Le sujet se sent généralement si bien hors de son vêtement corporel qu’il se demande pourquoi ses proches continuent de s’inquiéter et de s’affairer sur ce dernier. Certains individus, dont des mystiques et des saints du passé, ont la capacité, de leur vivant, de sortir de leur corps, volontairement ou dans des circonstances particulières. L’ingénieur et homme d’affaires Robert A. Monroe avait cette aptitude et a beaucoup contribué à la vulgarisation du phénomène dans les années 1990. (1) Beaucoup plus près de nous, citons le cas du Français Nicolas Fraisse, doté de cette faculté depuis l’enfance, et qui a été étudié scientifiquement pendant dix années, par deux chercheurs de l’« Institut Suisse des Sciences Noétiques » (ISSNOE). (2).

Le deuxième fait souligné par ces « revenants de la mort », c’est l’incapacité de communiquer avec leur entourage. Ils sont désormais invisibles, leur Soi (conscience, âme ou esprit) ayant abandonné l’enveloppe de chair. Il existe une modification du temps et de l’espace. Le temps linéaire n’existe plus. Il leur suffit de vouloir être à un endroit pour s’y transporter quasi instantanément. Étant invisibles et immatériels, ils traversent les murs et peuvent se rendre en divers endroits. Ils ne peuvent avoir de contact physique avec les vivants qui passent littéralement à travers eux et vice-versa. Ils se trouvent désormais à un plan différent d’existence. Cette impossibilité de contact et de communication avec son « ex entourage », peut totalement désorienter le défunt, surtout quand la mort est soudaine, brutale. Dans ces circonstances, il n’arrive pas à retrouver son cadavre (individu brûlé vivant, gros accident ou cataclysme, etc.). Ne réalisant point qu’il est décédé, il peut alors demeurer longtemps dans les parages et peut même parvenir à produire des manifestations physiques (bruits, déplacement de meubles ,etc). C’est le phénomène de hantise, si courant dans les endroits où s’est produite une mort violente individuelle ou collective. Il a été brillamment étudié dans le passé, par l’astronome Camille Flammarion qui s’intéressait énormément aux phénomènes parapsychiques (3) et (4)

Je te donne, mon Lucas, un exemple d’incapacité de communiquer, lié à une décorporation post-mortem. Georges Ritchie était une jeune recrue militaire et étudiant en pré-médecine (CPEM). Il raconte dans son superbe ouvrage intitulé « Retour de l’au-delà » (5) comment, durant l’hiver de 1943 , il a vécu une EMI provoquée par une pneumonie foudroyante. Il s’agissait à l’époque, d’une maladie très grave, avec un taux extrêmement élevé de mortalité, l’antibiothérapie et la réanimation respiratoire n’étant pas aussi évoluées que de nos jours. L’électrocardiographie et l’électroencéphalographie se trouvaient encore à l’état embryonnaire et le diagnostic de « mort clinique » beaucoup moins précis qu’aujourd’hui. Le jeune Ritchie, alors âgé de 19 ans, voulait obstinément passer les vacances de Noel avec ses parents qui habitaient à Richmond, long trajet qui se faisait normalement en train. Il se rend compte alors qu’il n’avait plus de corps visible. « Ainsi commença l’une des plus étranges recherches qui puissent avoir lieu : la recherche de moi-même ». (5) Il part alors en quête de son corps physique parmi les dizaines de jeunes soldats hospitalisés de l’hôpital militaire du camp Berkeley et qui portent tous le même pyjama.. Il arrive finalement à l’identifier (s’identifier) grâce à sa bague qui avait l’image d’un petit hibou. Il traduit dans son livre, l’impossibilité de communiquer et l’angoisse qu’elle peut occasionner: « C’est une chose d’entrer sans être vu dans une pièce où quelqu’un dort ; c’en est une autre de voir un homme vous regarder bien en face et ne manifester aucun signe. » (5)

Le cas du Dr Ritchie a tant impressionné son jeune confrère Raymond Moody, de l’Université de Virginie, qu’il a depuis lors, consacré la majeure partie de son existence à l’étude scientifique de ces revenants de la mort, avant de publier, en 1975 son best seller intitulé « La vie après la vie » (6) que j’ai lu vers 11 ans. Ce grand pionnier, encore en vie, et remarquable par son sens critique et sa pondération, a alors inventé l’expression « Near Death Experience » traduite par « Expérience de Mort Imminente » pour désigner le phénomène. Il a inspiré de nombreux autres chercheurs et médecins qui se sont par la suite, penchés sur le phénomène.

A suivre…

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