La statistique de santé que tout le monde comprend mal – même votre médecin.
« La statistique de santé que tout le monde comprend mal – même votre médecin »
Ronald Grisanti D.C., D.A.B.C.O., DACBN, MS, CFMP
Risque relatif vs. risque absolu : la vérité derrière les statistiques de santé
Quand on lit les actualités médicales, qu’on écoute les publicités pharmaceutiques ou qu’on discute avec des médecins, on est souvent frappé par des statistiques impressionnantes :
« Ce médicament réduit votre risque de 50 % ! »
« Ce choix de mode de vie double vos chances ! »
Mais que signifient vraiment ces chiffres ?
Comprendre la différence entre le risque relatif et le risque absolu peut complètement changer votre perception de la réalité — et vous aider à prendre des décisions plus éclairées pour votre santé.
Qu’est-ce que le risque relatif ?
Le risque relatif permet de comparer la probabilité qu’un événement se produise dans un groupe par rapport à un autre.
Prenons un exemple avec un nouveau médicament censé prévenir une maladie.
Si 2 personnes sur 100 dans le groupe non traité contractent la maladie, et seulement 1 sur 100 dans le groupe traité, alors la réduction du risque relatif est :
1 ÷ 2 = 0,5 → soit une réduction de 50 % du risque relatif.
Ça semble impressionnant, non ? Mais voici le piège : cela ne vous dit pas à quel point le risque était important au départ.
Qu’est-ce que le risque absolu ?
Le risque absolu, lui, vous donne vos vraies chances qu’un événement se produise. Il s’appuie sur les chiffres réels, pas seulement sur des comparaisons.
Reprenons le même exemple :
Sans traitement : 2 personnes sur 100 tombent malades → risque absolu de 2 %
Avec traitement : 1 personne sur 100 tombe malade → risque absolu de 1 %
La réduction du risque absolu est donc de 1 %.
Ce n’est pas aussi spectaculaire que 50 %, mais c’est beaucoup plus honnête sur la réalité de la situation.
Pourquoi c’est si déroutant pour la plupart des gens
Voici pourquoi on se fait souvent avoir :
Le risque relatif exagère. Une réduction de 50 % semble énorme, mais si le risque passe de 2 % à 1 %, ce n’est pas une grande différence pour la plupart des gens.
Le risque absolu vous ramène à la réalité. Il montre les chiffres du monde réel et vous aide à évaluer à quel point vous évitez (ou prenez) un vrai risque.
Les titres d’articles, les publicités et même les études utilisent souvent le risque relatif car cela rend les résultats plus percutants. C’est une manière puissante de vendre un produit, une idée ou un changement de comportement.
Ce n’est pas toujours une manipulation malveillante — c’est surtout une question de présentation des données.
Mais cela peut mener à de la peur, à des réactions excessives ou à des traitements médicaux inutiles.
Pour les décisions de vie : lequel faut-il croire ?
Quand il s’agit de prendre des décisions sérieuses — prendre un médicament, suivre un traitement, changer son régime alimentaire — le risque absolu est le chiffre qui compte le plus.
Pourquoi ? Parce qu’il vous dit :
Quelle est la véritable probabilité que quelque chose vous arrive.
Quel est le bénéfice réel que vous obtenez.
Si le rapport bénéfice/risque en vaut la peine (effets secondaires, coût, temps, changements de mode de vie…).
Imaginons qu’un médicament réduise votre risque de crise cardiaque de 25 % (risque relatif).
Mais si votre risque initial n’était que de 4 %, alors votre risque absolu passe à 3 %.
Maintenant, posez-vous la question :
Est-ce qu’une baisse de 1 % de mon risque vaut la peine de prendre ce médicament tous les jours à vie ?
Les effets secondaires sont-ils acceptables ?
Le coût est-il raisonnable ?
Avec le risque absolu, vous pouvez répondre à ces questions avec clarté et confiance.
À retenir
Le risque relatif compare deux situations.
Le risque absolu vous dit ce que cela signifie pour vous personnellement.
Si vous ne deviez retenir qu’une chose, retenez ceci :
Le risque relatif raconte une histoire.
Le risque absolu dit la vérité.
Conseil pratique :
Quand vous entendez une affirmation sur la santé, demandez toujours :
« Quel est le risque absolu ? Quels sont les vrais chiffres ? »
Si personne ne peut vous répondre, c’est un signal d’alarme.
Réflexion finale
Dans un monde saturé de conseils santé, de statistiques et de marketing basé sur la peur, le plus grand pouvoir que vous avez est de poser les bonnes questions.
Apprendre la différence entre le risque relatif et le risque absolu peut vous aider à voir au-delà du battage médiatique, et à vous concentrer sur ce qui compte vraiment pour votre santé.
Les chiffres peuvent être puissants — mais seulement si vous comprenez ce qu’ils veulent dire.
Commentaire du Dr Grisanti :
Ma femme Debbie et moi avons récemment eu un rendez-vous de suivi avec un oncologue radiologue en décembre 2024, sur recommandation de son oncologue gynécologue. L’objectif était de discuter de la possibilité de suivre 28 séances de radiothérapie pelvienne à titre préventif.
Lors de la consultation, le radiologue a insisté sur le fait qu’il y avait 33 % de risque relatif d’une mauvaise évolution si Debbie ne recevait pas la radiothérapie. Il l’a répété avec insistance. Ce chiffre a immédiatement retenu mon attention — il semblait grave, voire alarmant.
Mais quelque chose me dérangeait. Je ne cessais de me demander : 33 % de quoi, exactement ?
C’est à ce moment-là que j’ai réalisé l’importance de distinguer risque relatif et risque absolu.
Un risque relatif de 33 % semble dramatique, mais il ne vous dit rien sur la probabilité réelle tant que vous ne connaissez pas le risque de base.
Avant de partir, j’ai posé une simple question au radiologue :
« Quel est le risque absolu de récidive sans la radiothérapie pour ma femme ? »
Sa réponse ? Il ne savait pas.
C’était un signal d’alarme pour moi. Nous sommes sortis de ce rendez-vous avec plus de questions que de réponses. De retour à la maison, j’ai commencé mes propres recherches. Je voulais comprendre ce qu’on ne nous avait pas dit — et ce qu’on aurait dû demander.
Voici les questions essentielles que j’ai appris qu’il fallait poser immédiatement :
Quel est son risque absolu de récidive sans radiothérapie ?
Quel est le risque absolu avec la radiothérapie ?
Combien de femmes doivent être traitées par radiothérapie pour qu’une seule en bénéficie ? (C’est ce qu’on appelle le nombre nécessaire à traiter, ou NNT)
Quels sont les effets secondaires à court et long terme de la radiothérapie dans son cas ?
Ses facteurs personnels — âge, marges tumorales, score Oncotype — changent-ils l’équation ?
Y a-t-il d'autres options fondées sur des preuves en dehors de la radiothérapie ? Comme l’hormonothérapie ou une surveillance rapprochée ?
Ce que j’ai appris à mes dépens, c’est que des chiffres sans contexte peuvent être trompeurs. Ce risque relatif de 33 % donnait l’impression qu’il fallait absolument agir.
Mais après avoir creusé, il se pourrait que le bénéfice absolu ne soit que de 4 à 5 %. C’est un tout autre type de discussion.
Cela m’a fait comprendre à quel point il est crucial de prendre le temps, de poser les bonnes questions, et de ne pas se sentir obligé de décider dans la peur.
Si vous vous retrouvez un jour dans une situation similaire, je vous encourage fortement à demander :
« Comparé à quoi ? »
« Qu’est-ce que cela signifie pour moi, en chiffres réels ? »
Parce qu’il ne s’agit pas seulement de traitement — il s’agit de prendre des décisions éclairées qui correspondent à votre situation personnelle.
Compliments from Functional Medicine University